ERBIL, 4 Décembre (KUNA) -- Plus d’un an après les législatives au Kurdistan irakien, le Parlement demeure toujours sans Conseil présidentiel et la région sans un nouveau gouvernement, à cause du bras de fer entre les deux principaux partis, le Parti démocratique du Kurdistan dirigé par Massoud Barzani et l’Union patriotique du Kurdistan dirigée par Bafel Talabani, qui cherchent, chacun, à rafler le plus de privilèges électoraux.
Après les législatives d’octobre 2024, le conseil n’a tenu qu’une seule session le 2 décembre et a été complètement suspendu depuis.
Selon le règlement intérieur, le président du Parlement, le vice-président et le secrétaire du président sont choisis lors de la première session. Toutefois, la première session n’a cessé d’être renvoyée aux calendes grecques en raison de divergences politiques entre les deux principaux partis sur la répartition des postes, y compris les postes de Premier ministre, de président de la région et de ministre de l’Intérieur, en plus des désaccords sur la méthode de gestion des ministères, de certains organismes et représentations étrangers, et sur les dossiers pétroliers.
Depuis les premières législatives régionales de 1992, les deux partis se sont partagés par consensus les différents postes ministériels jusqu’aux dernières élections tenues l’année dernière, lorsque le Parti démocratique a remporté plus de sièges que l’Union patriotique.
Rappelons que selon la coutume politique en vigueur en Irak depuis une vingtaine d’années, la présidence de la République est occupée par un Kurde, spécifiquement de l’Union patriotique du Kurdistan. En échange, le Parti démocratique occupe les postes de président et de Premier ministre de la région.
Lors des dernières élections tenues en octobre de l’année dernière, le Parti démocrate a remporté 39 sièges, tandis que l’Union nationale n’en a obtenu que 23. Cependant, vu l’influence administrative et militaire aucun des deux parties ne peut gouverner sans cohabiter avec l’autre, d’autant plus que les parties de l’opposition occupent environ un tiers des sièges au Parlement, la plupart refusant de rejoindre le nouveau gouvernement.
D’ailleurs, dans un récent communiqué, le Parti démocratique a expliqué que « après l’accord final sur la vision commune en mai 2025, nous avons commencé à discuter de la manière dont les deux parties peuvent participer aux devoirs et pouvoirs du gouvernement dans la région du Kurdistan. À cette fin, notre parti a mis en avant deux principes : le respect des résultats électoraux et la prise en compte du statut des deux partis et de la réalité de la région ».
Il a ajouté que bien qu’il soit « la première force politique régionale, le parti a fait preuve d’une flexibilité maximale dans l’intérêt suprême du Kurdistan et était prêt à se mettre d’accord sur des points dépassant ce que mérite l’Union patriotique ».
En réponse aux démocrates, le membre du Bureau politique de l’Union patriotique, Saadi Beira, a confirmé dans une déclaration aux journalistes que « son parti ne participera à aucun gouvernement formé sans un accord global et clair sur les prochaines étapes », soulignant que son parti veut une participation réelle et équilibrée dans le prochain gouvernement.
Il a estimé que les pourparlers sont toujours en cours parce que le parti veut un véritable partenariat afin que le prochain gouvernement soit un gouvernement pour compléter les projets précédents de la région du Kurdistan et aborder les différences qui existaient dans le passé.
Cependant, les démocrates ne semblent pas assez convaincus et ont commencé à chercher un autre partenaire pour former le gouvernement, sinon à la tenue de nouvelles élections législatives.
En ce qui concerne la première option, le Parti démocratique a entamé des discussions avec le Mouvement de la nouvelle génération, qui a remporté 15 sièges au Parlement, en plus d’autres partis qui ont remporté moins de sièges. Cependant, les observateurs estiment que cette étape ne sera pas utile car elle pourrait conduire à diviser la région en deux administrations, surtout que l’Union patriotique contrôle une bonne partie de la région, qui risque de ne pas respecter les décisions d’un gouvernement formé par les démocrates.
Quant à la tenue de nouvelles élections, cette option ne passera pas sans obstacles juridiques, surtout que le mandat de la Haute commission électorale irakienne expire bientôt.
Selon les observateurs, l’option de parvenir à un règlement global sur les positions dans la région et la part des Kurdes à Bagdad est une solution plus réaliste compte tenu des expériences antérieurs et les pressions américaines et occidentales pour empêcher la désintégration de la région. (Fin)(S.R.)(O.K.)