KHARTOUM, 8 Mai (KUNA) –- Alors que les combats se poursuivent et que l’aide internationale se raréfie, les équipes de déminage au Soudan font face à des défis sécuritaires et logistiques majeurs, entravant les opérations de dépollution et mettant les civils en danger.
Des responsables onusiens et des démineurs ont exprimé leur inquiétude concernant la prolifération des munitions non explosées à Khartoum et d’autres régions du pays, ce qui complique l’accès de l’aide humanitaire, dans un contexte de combats acharnés entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR).
Selon le directeur du Centre national de lutte antimines, Khaled Hamdan, 40 incidents impliquant des explosions de munitions ont été enregistrés, depuis avril dernier, causant la mort de 16 personnes et la blessure de 50 autres à Khartoum, au Nil, à Al-Jazira et à Sennar. Des opérations de nettoyage sont en cours dans les États de Khartoum, Al-Jazira, le Nil Blanc et le Kordofan du Nord.
Hamdan a indiqué, à l’Agence de presse du Koweït (KUNA), que huit nouvelles équipes avaient été récemment déployées dans divers États, venant s’ajouter à cinq équipes déjà actives.
Il a, toutefois, mis en garde contre la gravité des obstacles rencontrés, ce qui nécessite la formation de davantage de personnel et l’obtention d’un soutien accru, aussi bien de l’État que de partenaires internationaux.
L’appui financier international est quasi inexistant depuis le début du conflit, a-t-il indiqué, alors que le centre a estimé ses besoins à 90 millions de dollars pour l’année en cours, dont seuls 10 millions ont été promis par les bailleurs de fonds.
Bien que le nombre exact de munitions non explosées reste inconnu, Hamdan a précisé que plus de 13 mille obus de type OUX avaient été détonés par les équipes de terrain, et 4 mille autres sont prêts à être neutralisés.
Le risque d’incidents non signalés reste élevé, notamment à El-Fasher, capitale du Darfour Nord, en raison de la présence étendue d’engins explosifs et de la poursuite des affrontements. Selon le Département de la sûreté et de la sécurité des Nations Unies (ONU), le centre de Khartoum restera inaccessible aux agences humanitaires jusqu’en janvier 2026, en raison de la dangerosité liée aux munitions non explosées et aux dégâts d’infrastructure.
Des spécialistes ont estimé qu’environ 10% des bombes larguées au Soudan n’ont pas explosé, principalement autour de l’aéroport et du palais présidentiel où se trouvent les bureaux d’organisations de l’ONU.
De son côté, le chef du programme d’action antimines au Soudan, Siddiq Rashid, a mis en garde contre les risques croissants liés au retour des déplacés dans des zones contaminées, précisant que certaines munitions sont visibles, alors que d’autres sont cachées sous les décombres.
Depuis le début de la guerre en avril 2023, les combats dans les zones urbaines ont aggravé la situation, rendant la réponse humanitaire et sécuritaire plus complexe que jamais. Une mobilisation urgente de la communauté internationale est indispensable pour appuyer les opérations de déminage. (Fin) (M.M.) (A.A.)