KOWEÏT, 16 Octobre (KUNA) -- À l’ère du numérique, l’utilisation des appareils intelligents par les enfants est devenue une arme à double tranchant pouvant être une « porte vers la connaissance et le développement » ou au contraire une « cause d’isolement et de dépendance ».
Malgré les nombreux avantages éducatifs et récréatifs qu’offrent les technologies modernes, une utilisation excessive peut avoir des effets négatifs sur la santé, le comportement et le développement cognitif des enfants.
Des spécialistes en psychologie et en éducation estiment que les appareils intelligents offrent de larges possibilités d’apprentissage et de stimulation des compétences à travers des applications interactives et éducatives, mais qu’ils peuvent également entraîner un isolement social, une dépendance numérique ou un retard dans le développement du langage et des interactions avec les autres enfants.
Dans ce contexte, le chef du service d’ophtalmologie au ministère de la Santé, Dr. Ahmad Al-Foudari, a indiqué à l’Agence de presse du Koweït (KUNA) que l’usage excessif des écrans provoque souvent des douleurs et une sécheresse oculaire susceptibles d’affecter la vision, ainsi que des troubles du cou et du dos liés à une posture inadéquate et à une exposition prolongée.
Il a ajouté qu’il est préférable d’éviter complètement l’usage des appareils intelligents pour les enfants de moins de deux ans, à l’exception des appels vidéo familiaux, tandis que pour ceux âgés de 5 à 17 ans, il est recommandé de limiter l’exposition à deux heures par jour, sans compter le temps consacré aux devoirs scolaires.
Al-Foudari a aussi conseillé d’éviter l’utilisation des appareils avant le coucher et pendant les repas afin de favoriser la communication familiale et d’encourager des interactions sociales saines. Il a souligné que l’usage abusif peut engendrer anxiété, irritabilité et dépression, tout en affaiblissant les compétences de communication directe et les liens familiaux.
Il a en outre insisté sur la nécessité d’effectuer des examens ophtalmologiques réguliers pour détecter précocement d’éventuels problèmes visuels, appelant les parents à surveiller de près l’usage des appareils par leurs enfants afin de préserver leur santé visuelle.
De son côté, la psychothérapeute au Centre koweïtien de santé mentale, Alyaa Lari, a dit à KUNA que les études démontrent l’existence d’effets psychologiques multiples chez les enfants utilisateurs d’appareils intelligents, notamment une diminution du contact social, un retard de la parole, une tendance à l’agressivité et à la violence ainsi qu’un manque d’attention et de concentration.
Elle a ajouté que ces effets ne se limitent pas à l’aspect psychologique, mais touchent également le corps à travers des troubles comme l’insomnie, la fatigue et la diminution de la masse musculaire.
Elle a indiqué que les experts en éducation considèrent que la solution réside dans la supervision parentale, la fixation d’horaires d’utilisation raisonnables et le choix de contenus constructifs contribuant au développement intellectuel et émotionnel de l’enfant.
Elle a également cité une étude récente montrant que l’usage excessif des écrans nuit à la concentration des enfants, surtout dans les premières années de scolarisation où la capacité d’attention est essentielle à l’apprentissage.
Lari a rappelé les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui déconseille totalement les écrans avant deux ans, recommande un maximum d’une heure par jour pour les enfants de 2 à 5 ans, et une surveillance stricte du temps d’écran pour les plus âgés afin de ne pas empiéter sur le sommeil et les études.
Concernant la sécurité numérique, la Direction de la cybercriminalité du ministère de l’Intérieur a averti que l’absence de contrôle parental expose les enfants à des contenus inappropriés, à des tentatives de contact par des inconnus ou à des formes d’extorsion et de harcèlement en ligne, menaçant ainsi leur vie privée et leur sécurité.
Elle a souligné que les principales menaces concernent le piratage de comptes, l’exploitation de données personnelles, les applications malveillantes et les jeux en ligne collectant des informations sans consentement. Elle a également noté que certaines erreurs fréquentes commises par les enfants incluent le partage de mots de passe, l’acceptation de demandes d’amis d’inconnus et le clic sur des liens suspects.
La direction a insisté sur la nécessité d’instaurer un équilibre entre usage numérique et sécurité, en fixant des limites de temps, en utilisant des programmes de contrôle parental et en sensibilisant les enfants aux dangers de la publication de données personnelles.
Elle a appelé les familles à renforcer leur culture numérique et à accompagner activement leurs enfants dans leurs activités en ligne, rappelant que la prévention, la vigilance et l’éducation constituent la première ligne de défense pour protéger les enfants des risques du cyberespace. (Fin)(H.M.)(A.H.)