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Le système sanitaire à Gaza, la cible principale de la machine de guerre israélienne

RAMALLAH, 27 Mai (KUNA)— L'occupation israélienne ne s’est pas limitée à des attaques directes contre le système sanitaire, par le ciblage et le meurtre du personnel médical ou leur arrestation, mais elle a également mené des opérations visant à menacer, assiéger et évacuer les hôpitaux, en les empêchant d'obtenir des fournitures essentielles, outre des décisions de refus d'approvisionnement en carburant, en eau, en nourriture et en électricité.

Depuis le début de la récente agression israélienne contre la bande de Gaza, le 7 octobre 2023, les organisations et institutions humanitaires et internationales n'ont cessé d’avertir contre le risque d'effondrement du système de santé à Gaza, au point de ne plus pouvoir assurer la moindre des tâches pour sauver des vies.

Et pour répondre aux attaques visées, l’occupant se justifiait, fabriquant des mensonges et tentant d'attribuer les bombardements et les destructions qui ont ciblé les hôpitaux aux factions palestiniennes, tel était le cas du bombardement de l'hôpital Al-Ahli Al-Arabi « Al-Ma’amdani », affirmait que des hôpitaux, tels que Al-Shifa et l'hôpital indonésien, « ont été utilisé à des fins militaires par des factions palestiniennes ». Néanmoins, leurs fausses justifications n'ont pas convaincu l'opinion publique mondiale, ni même certains médias occidentaux.

Le système de santé palestinien figure parmi les cibles principales de la machine de guerre israélienne. En plus de la destruction des infrastructures, des installations et des services, l'occupation vise également les institutions sociales, économiques, politiques, culturelles et religieuses, y compris celles des Nations Unies et notamment l'Office de secours des Nations Unies et de travaux publics pour les réfugiés (UNRWA).

Ainsi, l'occupation se concentre sur l’assiègement des hôpitaux et des centres de santé, pour les bombarder ensuite, laissant aucun lieu sûr ni un abri pour les patients, le personnel médical et les personnes déplacées de force. Selon les données sanitaires, le secteur de la santé à Gaza s'est effondré et ce qui en reste ne dessert, au maximum, que 15% des personnes blessées, sans ceux qui souffrent de maladies chroniques et est incapable de traiter les maladies épidémiques causées par la surpopulation des centres d'hébergement et l’effondrement du système d'égouts.

L'effondrement du système sanitaire, l'obstruction de l'accès aux hôpitaux, le manque de médicaments et de fournitures médicales ont jeté une ombre sur les personnes atteintes de maladies non transmissibles, qui, avant la guerre, constituaient déjà une charge énorme pour le système de santé.

Selon l’organisation « Médecins sans frontières », environ 350 mille personnes à Gaza souffrent de maladies chroniques, dont la grande majorité ne peuvent pas trouver ni médicaments, ni des soins médicaux nécessaires, ce qui a aggravé leur état de santé.

Le déplacement forcé des Palestiniens d’un endroit à un autre, le manque de nourriture et d’eau et la détérioration des conditions environnementales, sont autant de facteurs qui vont aggraver la situation humanitaire déjà catastrophique.

Alors que l’organisation « Oxfam International » a mis en garde contre le risque de propagation d'épidémies à Gaza en raison des attaques israéliennes sans arrêt, expliquant, dans un communiqué publié, en mai, que la destruction des infrastructures d'eau et d'assainissement, la surpopulation, la malnutrition et la chaleur ont amené Gaza au bord d'épidémies mortelles.

L'UNRWA avait précédemment mis en garde contre la propagation de maladies et d'épidémies à Gaza, en raison de l'accumulation de déchets, notamment avec la hausse des températures et l'arrivée de l'été. Les déchets accumulés dans toute la bande de Gaza est estimé à plus d'un quart de million de tonnes, sans compter la propagation de grandes quantités d'eaux polluées dans diverses zones.

Des estimations s'accordent sur la possibilité que des maladies infectieuses et épidémiques envahissent Gaza de façon jamais vu, avec une augmentation jusqu'à quatre fois supérieure à ce qu'elle était avant l'agression.

Plus d’un million de cas de maladies infectieuses recensé dans la bande de Gaza, en plus de 8 mille cas d'hépatite et d’autres maladies, menaçant ainsi de mort des milliers de personnes, selon des sources médicales, en avril dernier.

Une étude du Centre sanitaire dans les crises humanitaires, affilié à l'Ecole d'hygiène et de médecine tropicale de l’Université de Londres et du Centre de santé humanitaire de l'Université Johns Hopkins aux États-Unis, a examiné trois scénarios différents dans la bande de Gaza, concernant les attentes de la santé publique entre le 7 février et le 6 août 2024.

Avec les maladies épidémiques, 11.580 personnes mourront à Gaza jusqu'en août, si un cessez-le-feu est annoncé, et plus de 66 mille si l'agression se poursuit, tandis que le nombre de victimes dépassera 85 mille si l'agression s’intensifie et dure, selon l’étude.

Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a, quant à lui, mis en garde contre les conséquences désastreuses pour les femmes enceintes, les enfants et les nouveau-nés, en termes de diminution des possibilités d’obtention de services de santé.

« Il y a environ 60 mille femmes enceintes à Gaza, et le taux de natalité atteint 180 cas par jour », selon les données du Bureau central palestinien de statistique.

Plus de 15% des femmes souffrent de complications d’accouchement difficiles à traiter, ce qui augmente la possibilité d'accoucher dans des conditions sanitaires dangereuses. À cela s'ajoutent la difficulté d'accéder aux soins de santé, et l’aggravation de l’état physique et psychologique.

Le représentant du Fonds des Nations unies pour la population, Dominic Allen a fait savoir que les complications associées à l'accouchement à Gaza sont plus du double de celles auxquelles les médecins étaient confrontés avant l'agression, dû à la malnutrition, à la déshydratation et à la peur. En raison des facteurs mentionnés, une augmentation record des cas d'avortement a été enregistrée, allant jusqu'à 300%, et le taux de naissances prématurées chez les femmes a augmenté d'environ un tiers, selon la conseillère régionale de Care, Nour Beydoun.

Le ministère de la Santé a, également, observé une hausse de 25% des cas de saignements et de décollements placentaires chez les femmes enceintes, en raison, notamment, de parcourir de longues distances avec une lourde charge lors du déplacement forcé, et les dommages irréversibles sur la santé mentale.

L'UNRWA a averti, en mai 2024, que plus de 150 mille femmes enceintes ou allaitantes à Gaza sont confrontées à de terribles risques sanitaires, en particulier avec le début de déplacement défavorable des civils de Rafah vers le sud.

Sur la situation alimentaire, un rapport périodique de l’ONU indique que le seuil d'insécurité alimentaire aiguë conduisant à une famine a déjà été largement dépassé, et que la malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans progresse à un rythme record, vers le deuxième seuil de famine.

Tous les habitants de Gaza sont confrontés à des niveaux d'insécurité alimentaire critique ou pis, selon le rapport, notant que 1,1 million de personnes à Gaza ont épuisé leurs réserves alimentaires et leurs capacités d'adaptation. Plus de 34 citoyens sont morts des suites de la faim, de la malnutrition et de la déshydratation, dont 31 enfants.

En décembre dernier, l’occupant a attaqué le plus grand centre de fertilité à Gaza. Alors que le nombre de nouveau-nés dans la bande qui n’ont pas reçu à temps les vaccinations nécessaires est estimé à plus de 60 mille, fin 2023.

Les statistiques du ministère de la Santé indiquent que l’entité israélienne a lancé plus de 340 attaques contre des établissements de santé et leurs personnels, au cours de la même période. À la suite des attaques, 32 hôpitaux et 35 centres de santé ont été hors service à Gaza et 130 ambulances ont été détruites. (Fin) (R.S.) (A.A.)