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Sénégal : Bassirou Diomaye Faye… de la prison à la présidence

RABAT, 27 Mars (KUNA) -- Le scrutin présidentiel du 25 mars au Sénégal n'a pas été ordinaire, non seulement parce qu'il a eu lieu après une crise politique déclenchée par la décision du président sénégalais sortant Macky Sall de reporter la date des élections, mais aussi parce qu'il a suscité une énorme surprise avec la victoire du candidat de la coalition d'opposition, Bassirou Diomaye Faye, au premier tour.

Diomaye Faye a été nommé de la prison, où lui et son collègue Ousmane Sonko purgeaient une peine. Ils ont été libérés à la veille de la campagne électorale à la suite d’une amnistie générale décrétée par le président Sall dans le but de calmer la scène politique.

Les deux candidats ont directement participé à la campagne électorale pour rattraper ce qu'ils avaient manqué et concourir aux côtés de 19 candidats, dont un de la coalition au pouvoir, l'ancien Premier ministre Amadou Ba.

Le président nouvellement élu, et soutenu par les partisans de l'opposition, a su attirer de larges catégories de jeunes assoiffés de changement à travers un discours politique invoquant des slogans sur la vie politique, le renforcement de la souveraineté nationale et l'offre de possibilités de vie décente.

Ceci lui a permis d'être largement accepté par des groupes de jeunes qui voyaient en lui une source d'inspiration pour leurs rêves, ainsi que par les groupes islamiques qui voient en lui une alternative à une élite politique pétrie de laïcité, Diomaye Faye ne cachant pas son appartenance au phénomène islamiste qui se propage au Sénégal.

Né en 1980, Bassirou Diomaye Faye est issu d'une modeste famille sénégalaise. Il a fait ses études dans les écoles sénégalaises jusqu'à obtenir une maîtrise en droit. Il a ensuite travaillé comme inspecteur des impôts avant de rencontrer son inspirateur et parrain, Ousmane Sonko, où une étroite amitié et une proximité de vision et d'opinions se sont développées entre eux, et ensemble ils ont fondé le parti Pastef en 2014 contre le régime du président Macky Sall, avant que Diomaye Faye ne devienne secrétaire général du parti en 2022.

En avril 2023, il a été inculpé de diffamation et d'actes de nature à mettre en danger la sécurité publique pour avoir critiqué l'arrestation de son camarade Ousmane Sonko. Il a été placé en prison sans jugement et y est resté jusqu'à l'annonce des candidatures à l'élection présidentielle de 2024.

Lors de sa première apparition publique après sa victoire, Diomaye Faye a déclaré son engagement à promouvoir la réconciliation nationale et à lutter contre la corruption, tout en assurant a la communauté internationale et les pays « partenaires et amis » que « le Sénégal restera toujours un partenaire sûr ».

Il a également exprimé son engagement à inscrire son travail dans le cadre de la réconciliation nationale, de la reconstruction des institutions, de l'amélioration du niveau économique et social de la population.

Il s'est engagé à surmonter la crise que le Sénégal a connue à la suite du report du processus électoral, qui a entraîné la mort de victimes et l'emprisonnement d'autres personnes lors des manifestations qui ont éclaté, affirmant « tourner la page et à travailler sans relâche » pour l'harmonie et la réconciliation, selon une approche qui répond à l'espoir suscité par son élection à la présidence du pays.

Faye a salué la position du président Sall, qui consiste à organiser un scrutin démocratique libre et transparent, ayant permis d'assurer des résultats reconnus par tous les partis. (Fin)(M.Y.) (G.K.).