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Mute, la pièce qui fera beaucoup de bruit aux JTC

La 24e édition des Journées théâtrales de Carthage.
La 24e édition des Journées théâtrales de Carthage.

KOWEÏT, 8 Décembre (KUNA) -- Mute, tel est le titre choisi par le metteur en scène koweïtien Sulayman Al-Bassam pour sa pièce d’une heure faisant partie du programme officiel de la 24e édition des Journées théâtrales de Carthage, organisée du 2 au 10 décembre en cours dans la capitale tunisienne, Tunis ; une pièce qui a toutes les chances de faire beaucoup de bruit et remporter plus d’un prix. 

Mute, un titre bouleversant, intriguant, voire provocant, car comme le disait Bertolt Brecht « la provocation est une façon de remettre la réalité sur ses pieds ». Et Al-Bassam n’est pas à ignorer cette règle de base du quatrième art. D’ailleurs, dans un entretien téléphonique avec l’Agence de presse du Koweït (KUNA), le metteur en scène avoue que sa pièce constitue « une nouvelle étape dans la recherche d’un nouveau langage contemporain et innovant » et « une métaphore personnelle pour le penseur, l’artiste qui choisit le silence absolu, la négation totale de la parole comme forme souveraine d’expression ».

Doit-on rappeler que si la parole est d’argent, le silence est d’or. Le silence est aussi une forme développée de la communication non verbale. Bien élaboré, dosé et maîtrisé, le silence peut faire passer les plus subtiles et les plus convaincants des messages. Que dire alors quand il est rythmé de mouvements bien mesurés.

C’est, en fait, de cette conviction à la fois politique et artistique qu’a germé l’idée de Mute une pièce hors du commun ; une œuvre qui brise l’indifférence et l’immobilisme sans agacement, sans cacophonie…avec une douce tonalité. Al-Bassam a expliqué, en fait, que « l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 a été choisie comme toile de fond pour faire face aux conséquences catastrophiques de ce qui s’est passé et à toutes les conséquences de la marginalisation de l’Homme, de la société et de l’environnement ».

Il a ajouté que « le texte est né comme une question auto-dirigée sur l’essence et la faisabilité d’un projet de théâtre politiquement engagé à affronter toute cette destruction réfléchie des outils, le démantèlement systématique des significations et les attaques sur le langage comme un outil pour décrire la réalité dans laquelle nous vivons », affirmant que Mute « représente une nouvelle phase d’un projet de recherche dans l’intensification du langage et de l’économie avec des outils théâtraux qui conduisent à la concentration de la dimension poétique dans les composantes du spectacle théâtral ».

Sans fracas et sans fausses notes Mute stimule le conscient et secoue l’inconscient les invitant à réfléchir pour une fois en duo sur des questions existentielles face auxquelles on ne peut rester muets. « En affrontant l’escalade de la violence et la désinformation sans précédent, nous nous interrogeons sur les formes possibles de résistance artistique et sur la définition de l’acte actuel de résistance artistique. Si nous abandonnons nos outils traditionnels coutumiers (événements - personnalités narratives et nous imaginons - spécifiquement - l’acte basé sur le silence absolu comme outil de résistance. Que découvrirons-nous ? », s’est-il interrogé.

Traitres mots, disait Henri Bergson, car incapable de toute décrire, de tout exprimer et de tout expliquer. Place donc au silence, le plus haut degré de la sagesse.

Il faut dire qu’Al-Bassam n’est pas à son coup d’essai. Mute a dû passer par plusieurs étapes durant lesquelles tout a été perfectionné, grâce, au dévouement de toute l’équipe, notamment l’artiste franco-syrienne Hala Omran, et les musiciens Ali Hout et Abed Kobeissy, sans oublier, bien sûr, le travail du scénographe Eric Soyer et de tous les autres techniciens. (Fin)(O.K.)