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Le présentateur virtuel, un luxe ou une nécessité imposée par l'intelligence artificielle ?

Le présentateur virtuel, un luxe ou une nécessité ?
Le présentateur virtuel, un luxe ou une nécessité ?

KOWEÏT, 30 Mai (KUNA) - Les organisations médiatiques mondiales rivalisent pour tirer parti de la révolution de l'intelligence artificielle (IA), allant des algorithmes qui conçoivent des contenus et des publicités adaptées aux segments ciblés, au espaces métaverse en passant par des présentateurs virtuels.

Exploitant les apports de cette révolution, l'Agence de presse du Koweït (KUNA) a déjà lancé son espace sur la plateforme de métaverse et lancé son bulletin d’information présenté par un avatar.

Cependant, de telles entreprises soulèvent une question de taille : le présentateur virtuel est-il une nécessité à valeur ajoutée pour les médias ou simplement une sorte de « luxe » pour la modernisation ?

En réponse à cette question, Bachayer Al-Sanea, professeure de communication et de médias numériques à l'Université du Koweït, a estimé qu'elle ne verrait pas d'inconvénient à regarder un présentateur virtuel. En efftet, plus de 230.000 présentateurs virtuels diffusent des vidéos de musique, de danse et de jeux à des publics principalement dans la tranche d'âge des 18 à 35 ans depuis 2019 sur Bilibili, une plateforme de partage de vidéos courtes populaire auprès des jeunes.

L'année dernière, le temps d'antenne des influenceurs virtuels sur la plateforme a augmenté de 200% en glissement annuel, selon Alarabiyanet. Les vedettes virtuelles ont récemment remporté un vif succès lors de nombreux galas organisés par les chaînes de télévision et les plateformes vidéo pour attirer le jeune public.

Conçus pour augmenter l'interaction humaine, ces avatars numériques sont créés par une technologie alimentée par l'IA.

Dans le contexte de ce développement, des expériences similaires ont fait surface dans la région arabe comme la présentatrice virtuelle égyptienne « Anna » en février 2023, Noura et Ibtikar du Qatar en mars 2023 et Fedha du Koweït en avril 2023.

Au milieu de cette concurrence technologique croissante dans le domaine des médias en particulier, Al-Sanea a déclaré que les médias koweïtiens s'efforcent de se disputer une place dans l'espace de l'IA à travers plusieurs plateformes médiatiques et services d'information.

Elle a souligné que le récent lancement par l'agence de presse du Koweït de son espace sur la plate-forme de métaverse dans le but de se tenir au courant de cette avancée technologique de pointe est très important car il s'agit d'un organe médiatique très développé qui souhaite montrer l'image du Koweït dans le monde entier.

Cependant, la professeure adjointe de technologie de la communication et des médias à l'Université du Golfe à Bahreïn, Merhan Mohsen, a déclaré que les téléspectateurs ont actuellement besoin d'une interaction humaine et cela ne peut être réalisé qu’à travers un présentateur réel.

« La communication humaine influence et interagit largement avec les téléspectateurs, en fonction des exigences du contenu introduit, contrairement à la situation où un robot rigide ne reçoit que des informations à lire », a-t-elle dit.

Comparé aux humains en raison de l'énergie de travail, cela ne serait pas du tout dans l'intérêt des gens, a estimé Sara Nasr, professeure de médias politiques à l'Institut supérieur des médias et de la communication d'Égypte.

Elle a toutefois, fait l'éloge du présentateur virtuel comme ayant la capacité de parler de nombreuses langues à un coût très bas.

D'un autre côté, Douhaa Al-Shami, écrivaine et journaliste de la chaîne d'information qatarie Al-Jazeera, a affiché son opposition a l'utilisation de l'aide d'avatars, les jugeant comme n'ayant aucun sentiment et sont incapables à comprendre la nature des sociétés ou même la signification des mots et des phrases.

En dehors de toutes ces opinions, KUNA a récemment mené un sondage d'opinion auprès des utilisateurs de médias sociaux âgés de 25 à 55 ans ayant un niveau d'éducation élevé sur l'intelligence artificielle.

Le sondage a montré que 84% des personnes interrogées estiment que les organisations médiatiques devraient utiliser l'aide d'avatars dans le cadre des demandes du monde moderne. (FIN)(M.B.)(G.K.)