KOWEIT, 25 Mars (KUNA) -- Depuis plus de deux siècles, la « Diwaniyah » occupe une place de choix dans le cœur des koweïtiens.
Depuis son émergence, ce concept n’a cessé d’évoluer sur tous les plans, de l’urbanistique au culturel. La « Diwaniyah » symbolise en effet la solidarité sociale, joue un rôle principal dans la prise de décision et fait office de lieu de renforcement de la conscience religieuse et culturelle.
A l’époque du commerce des perles, les marins, les capitaines des embarcations et les commerçants avaient besoin d’un lieu de rencontre pour débattre de leurs affaires, des plans de voyages de plongées sous-marines et de l’état de la mer.
Pour ce faire, des entrepôts dans des immeubles, généralement sur le front de mer, étaient aménagés pour accueillir ces conseils, selon des chercheurs en patrimoine. A la base, ces entrepôts sont dédiés à la vente des outils de plongée sous-marine. Mais, les discussions entre les commerçants et ses clients marins les ont transformées en des lieux de répit et d’échange des idées, en attendant la livraison des commandes.
Le tournant dans l’histoire de la « Diwaniyah » a eu lieu quand le concept a été dupliqué dans les marchés. Des boutiques se sont transformées en lieux de débat de l’actualité ainsi que des affaires économiques et sociales du pays. Les Koweïtiens se sont attachés petit à petit à ces rencontres et ces débats dans les boutiques des marchés et les entrepôts des immeubles.
Le concept fût alors importé dans les demeures. Chaque maison comporte, désormais, une « Diwaniyah », qui est devenue au fil du temps l’un des traits marquants de la société koweïtienne.
Le phénomène a pris forme dans les maisons des commerçants capables de servir du café et du thé au leurs invités. Certains consacrent une grande pièce, à l’entrée de la maison et donnant sur une partie du patio (Houch). D’autres aménagent une « Diwaniyah » quasi indépendante de la maison.
Ces lieux sont fréquentés, généralement, entre les prières et font office de salle d’accueil lors des festivités familiales. Des cours de religion et de récitation du Saint Coran y sont également dispensés.
Outre ce rôle religieux, la « Diwaniyah » a été revêtue d’une dimension politique dans le sillage de la constitution du Conseil de la Choura en 1921, quand les candidats s’y rendaient pour exposer leurs visions et débattre de leurs points de vue. Ce rôle a pris de l’envergure au fils des échéances politiques de l’histoire du pays, dont la constitution du premier Conseil législatif en 1938 et surtout dans l’indépendance du Koweït en 1961 et les élections du premier Majlis Al-Umma (Parlement) en 1963.
La « Diwaniyah » a joué, également, un rôle social et culturel en abritant club et manifestations. C’est ainsi que le premier club du Koweït, baptisé Al Ahly, a été créé. De même, certains ont été aménagées en centres médicaux pour prodiguer des soins, avant la construction de l’hôpital américain.
Après la découverte du pétrole, le concept s’est généralisé sur toutes les couches sociales du pays et devenu un espace de loisir et de débat.
C’est ainsi qu’au fil des années, la « Diwaniyah » a accompagné l’histoire du Koweït et formé l’un des traits marquants de sa société.(Fin).(S.M)(R.M)